Tiago Rodrigues, directeur du Festival d’Avignon, 2023
Au croisement du théâtre, de la performance et du son, le travail d’Émilie Monnet est le plus souvent présenté sous forme de théâtre interdisciplinaire ou d’installations performatives. Sa démarche artistique privilégie les processus de création collaboratifs et multilinguistiques, et sonde les thèmes de la mémoire, de l’histoire et de la
Au croisement du théâtre, de la performance et du son, le travail d’Émilie Monnet est le plus souvent présenté sous forme de théâtre interdisciplinaire ou d’installations performatives. Sa démarche artistique privilégie les processus de création collaboratifs et multilinguistiques, et sonde les thèmes de la mémoire, de l’histoire et de la transformation.
Artiste interdisciplinaire engagée, elle fonde en 2011 les Productions Onishka afin de tisser des liens entre artistes de différents peuples autochtones, toutes disciplines confondues. Depuis 2016, elle présente Scène contemporaine autochtone / Indigenous Contemporary Scene, une plateforme nomade pour la diffusion des arts vivants autochtones. Cinq éditions ont été créées jusqu’à ce jour. Elle termine actuellement une résidence de trois ans au Centre du Théâtre d’Aujourd’hui où elle y présentera sa prochaine création Marguerite, après Okinum (2018) et Kiciweok: Lexique de treize mots autochtones qui donnent un sens (2019). Artiste associée au Théâtre de la Ville à Longueuil, elle sera également la prochaine artiste en résidence au théâtre Espace Go. Émilie est d’origine anishnaabe-algonquine et française et vit actuellement entre l’Outaouais et Tiohtià:ke / Mooniyaang / Montréal.
Ancrée à Tiohtià:ke/Mooniyang/Montréal, la compagnie artistique interdisciplinaire Onishka – dont le nom signifie « réveille-toi » en Anishnabemowin – tisse des interconnexions entre les peuples Autochtones au Québec, au Canada et dans le monde entier. Les créateur.trice.s de chaque projet de la compagnie élaborent ensemble une façon de s
Ancrée à Tiohtià:ke/Mooniyang/Montréal, la compagnie artistique interdisciplinaire Onishka – dont le nom signifie « réveille-toi » en Anishnabemowin – tisse des interconnexions entre les peuples Autochtones au Québec, au Canada et dans le monde entier. Les créateur.trice.s de chaque projet de la compagnie élaborent ensemble une façon de se mettre en relation avec le monde qui puise dans l’ensemble des philosophies, des pratiques et des savoirs provenant de leurs héritages pluriels.
Souvent collaboratifs, les processus de création mis en œuvre par Onishka s’inscrivent dans les lieux et les interrelations qui s’y déploient. Faisant fréquemment appel à des gardien.nne.s de savoirs, ces processus intergénérationnels reposent sur une démarche caractérisée par la présence, l’écoute et le soin à l’égard de ce qui nous entoure. Les pratiques artistiques n’y sont pas cloisonnées, mais s’entremêlent entre elles.
Dans les processus de création mis en œuvre par Onishka, les relations qui se dessinent au sein du monde tendent à être horizontales. Basées sur une interaction continue entre les artistes impliqué.e.s, leurs communautés et leurs territoires, les manières de faire et de savoir sont non-linéaires, faisant appel à une pratique corporelle et multisensorielle.
Générant un sens d’intimité et d’interdépendance, les créations d’Onishka amplifient les voix des personnes Autochtones. Le public n’est pas spectateur, mais témoin. Il lui est proposé de vivre une expérience partagée, basée sur la réciprocité.
Convoquant la présence expérientielle du territoire, les créations d’Onishka font souvent appel à la documentation sonore, intégrant des extraits d’enregistrements audio d’entrevues. Dans les performances qui en résultent, sont audibles l’atmosphère et les relations qui se tissent entre les personnes qui conversent, par exemple à travers la manière qu’elles ont de siroter le thé.
Faisant cohabiter le monde de l’invisible et celui du visible, plusieurs projets d’Onishka ont émergé de rêves. La tenue d’un journal de rêves fait ainsi partie intégrante de la pratique artistique d’Émilie Monnet, pour qui l’univers onirique constitue un terreau de création très fertile. Dans les langues algonquines telles l’Anishnabemowin, il existe un mode de conjugaison des verbes correspondant au temps du rêve. Celui-ci est aussi important que le présent, le passé et le futur, autrement dit la vie éveillée.
Au croisement de plusieurs disciplines artistiques mais principalement en théâtre, les Productions Onishka est une organisation artistique interdisciplinaire, qui tisse des liens de partage entre les peuples autochtones du monde entier tout en honorant leur diversité, leur richesse et leur résilience.
Fondée en 2011 par Émilie Monnet, Onis
Au croisement de plusieurs disciplines artistiques mais principalement en théâtre, les Productions Onishka est une organisation artistique interdisciplinaire, qui tisse des liens de partage entre les peuples autochtones du monde entier tout en honorant leur diversité, leur richesse et leur résilience.
Fondée en 2011 par Émilie Monnet, Onishka crée et produit des spectacles favorisant des collaborations artistiques originales et riches de sens pour offrir un regard neuf sur le monde dans lequel nous vivons. Onishka veut dire ‘réveille-toi’ en Anishnabemowin. Dans cet esprit, nous croyons que la création artistique est catalyseur de transformation sociale et qu’elle permet de remettre en cause comment sont perçues les réalités et les luttes des peuples autochtones.
Reconnaissances
2024
2023
« Un chant d’amour qui prend au cœur, voilà à quoi on a affaire. (…) [L’adaptation] permet à la metteuse en scène Émilie Monnet de signer un exceptionnel poème visuel, un hymne à l’immensité, à la splendeur et à la souveraineté de Nutshimit, le territoire. (…) la scénographie de Simon Guilbault est un fabuleux écrin pour les éclairages de Martin Sirois et les images d’archives magnifiées par Caroline Monnet. (…) le rendez‑vous demeure historique, [il] contribue hors de tout doute à la réconciliation et ouvre la voie à d’autres fertiles rapprochements artistiques entre les communautés. » - Christian Saint‑Pierre, Le Devoir
Parfois dans la vie d’une nation, arrive à point nommé une œuvre qui, grâce à l’émotion qu’elle suscite, entraîne une prise de conscience collective et transforme les mentalités. Ainsi en est-il de Kukum, le roman de Michel Jean publié en 2019 et dont les répercussions ne cessent de s’étendre. En imaginant son arrière-grand-mère se remémorer sa vie, l'auteur nous fait intimement ressentir l’intense accord du mode de vie nomade des autochtones avec les terres, les rivières et les forêts, puis la brutale spoliation de leurs territoires, leur sédentarisation forcée dans des réserves et le rapt de leurs enfants pour les enfermer dans de lointains pensionnats.
Au début du vingtième siècle, sur les bords du majestueux Pekuakami – rebaptisé Lac Saint‑Jean – une orpheline blanche de quinze ans s’éprend d’un Innu, Thomas Siméon. Quittant l’étouffante vie de colons de son oncle et de sa tante, elle est accueillie bras et cœurs ouverts par sa nouvelle famille dont elle adopte la langue et les migrations annuelles. Chaque automne, la famille Siméon embarque dans ses longs canots pour accéder à ses territoires de chasse par la somptueuse rivière Péribonka. Mais à la fin d’un été, Almanda et le clan Siméon trouvent la rivière bloquée par des milliers et des milliers de troncs d’arbres et aperçoivent au loin les montagnes de leur territoire massacrées par des coupes à blanc… Sans parler de ces hommes qui leur affirment qu’ils ne sont pas chez eux.
Durée: 1h40 sans entracte
Langue: En français et en Innu-Aimun avec surtitres
Crédits
D’après l’oeuvre de Michel Jean
Adaptation théâtrale Laure Morali
Avec la collaboration de Joséphine Bacon
Mise en scène Emilie Monnet
Distribution Sharon Fontaine-Ishpatao, Jean Luc Kanapé, Léane Labrèche-Dor, Marie-Eve Pelletier, Emma Rankin, Étienne Thibeault
Assistance à la mise en scène Claudie Gagnon
Décor Simon Guilbault
Costumes Sophie El-Assaad, Kim Picard
Éclairages Martin Sirois
Musique traditionnelle Kim Fontaine, Mathieu McKenzie & Hugo Perreault
Conception sonore Marie-Frédérique Gravel
Vidéo Caroline Monnet
Accessoires Mayumi Ide-Bergeron
Gardienne des savoirs innus Joséphine Bacon
Coproduction Onishka et Théâtre du Nouveau Monde
Depuis 2010, Nigamon/Tunai est une plateforme pour des échanges et collaborations artistiques entre les communautés autochtones du Canada et de la Colombie ainsi qu’entre artistes de ces deux pays.
Tant ici qu’en Colombie amazonienne, la tortue est une figure centrale de nombreuses cosmogonies autochtones. Ici la terre a été créée sur le dos d’une tortue, là-bas la tortue est la mère de toutes les eaux. Elle est connectée au cycle lunaire et à la dimension féminine de la vie, autant à l’eau qu’à la terre et aux étoiles.
Les mots Nigamon et Tunai signifient « le chant » en langues anishinaabemowin et inga. NIGAMON/TUNAI est un manifeste poétique porté par Émilie Monnet et Waira Nina, animé par les liens d’amitié et de solidarité entre elles, et par les échanges et collaborations qu’elles développent depuis douze ans entre communautés autochtones du Nord et du Sud.
Au carrefour de l’amitié et des résistances pour la protection des eaux et contre l’extractivisme sur leurs territoires respectifs, les deux femmes nous convient à un précieux partage nourri par les connaissances vivantes, les cosmogonies et les luttes qui les relient. Au Canada prospèrent toujours des compagnies minières et pétrolières, qui là-bas, en Amazonie, sur le territoire du peuple Inga, détruisent des milieux de vie entiers pour en piller les ressources — dont le cuivre, central dans la culture anichinabée.
Dans NIGAMON/TUNAI, Émilie Monnet et Waira Nina expérimentent avec leurs voix, leurs souffles, leur corps. Entremêlant performance immersive et documentaire audio parmi les savoirs et les voix autochtones, cette nouvelle œuvre théâtrale révèle de fascinantes résonances entre les territoires.
« À chaque automne je brûle. » - Marguerite Duplessis
C’est en 1740 qu’a lieu en Nouvelle-France le procès de Marguerite Duplessis, jeune femme autochtone qui entame cette procédure pour revendiquer sa liberté. Achetée pour être revendue, elle doit être embarquée sur-le-champ sur un bateau marchand en direction de la Martinique. C’est la première fois dans l’Histoire de la Nouvelle-France qu’une personne autochtone intente une poursuite judiciaire. Et la première fois aussi qu’une personne mise en esclavage tente de faire reconnaître son droit à la liberté. Inévitablement, Marguerite perd son procès et est emmenée en Martinique. On ignore ce qui lui arrive par la suite.
C’est le feu de Marguerite qui a inspiré ce spectacle. C’est ce même feu qui brûle chez toutes les Marguerite, celles d’hier et
d’aujourd’hui, qui luttent pour faire reconnaître la justice. C’est le feu de la régénération et de la mémoire retrouvée.
Marguerite : le feu est la version scénique d’un projet triade qui se décline en trois formes. Le spectacle est accompagné d’une série balado intitulée Marguerite : la traversée et d’un parcours sonore dans les lieux de mémoire, Marguerite : la pierre.
« Les castors sont une des seules espèces avec l’humain qui laissent une trace sur terre visible depuis l’espace.
Une trace laissée sur la Terre
Un barrage pour se protéger,
Mais seulement visible depuis le monde des étoiles. »
- Okinum, extrait
En langue anishnabemowin, Okinum signifie barrage. Inspiré par le rêve récurrent d’un castor géant, Okinum est une réflexion intime sur la notion de barrages intérieurs, une ode au pouvoir du rêve et à l’intuition. La parole est libérée afin de remonter la rivière de la mémoire des ancêtres et pour se réconcilier, avant tout, avec les différentes facettes d’une identité multiple.
L’artiste pluridisciplinaire Émilie Monnet débute sa résidence au CTD’A en proposant une expérience immersive en trois langues (français, anishnabemowin, anglais). Elle allie théâtre, son et vidéo au moyen d’une dramaturgie unique, circulaire et envoûtante. Se tisse ainsi une série de tableaux oniriques, où l’espace-temps n’est pas conçu de façon linéaire, véritable témoignage d’une filiation qui inspire.
Neecheemus veut dire « mon/ma chéri·e » en Cree.
L’artiste et metteure en scène Émilie Monnet a proposé un événement festif réunissant des paroles intergénérationnelles de femmes inspirantes et inspirées autour du thème de l’Amour et de l’érotisme.
Huit femmes artistes autochtones et noires ont offert un geste artistique ou une prise de parole spontanée sur ces thèmes. Toutes ces propositions étaient liées par la musique d’Anachnid et de Frannie Holder, de même que par les projections vidéo de Caroline Monnet.
La conception de l’amour, de l’érotisme et du plaisir est imbriquée au sein même des langues autochtones et des histoires traditionnelles, qui portent en elles une vision du monde spécifique à chacune des cultures et des territoires dont elles sont issues. Ce rapport à l’amour et à la sexualité diffère de la conception occidentale et de son articulation dans les langues latines et anglo-saxonnes.
À l’ère du #metoo, avoir accès à des conceptions traditionnelles ou qui précèdent les débuts de la colonisation, peut nourrir la conversation et peut-être même apporter des clés pour davantage nous aider à redéfinir notre rapport aux autres, à l’intimité et à la société, tout comme nous projeter dans l’avenir. Par exemple, la sexualité des femmes autochtones a été endommagée par la colonisation et sa représentation aujourd’hui est surtout axée sur les clichés et les traumatismes reliés à la colonisation. Repenser Amour et plaisir en termes de décolonisation peut être une porte de solution face au fléau de violence sexuelle dans nos communautés.